L'abbaye de Bonne-Espérance, située sur la Commune d'Estinnes (près de Binche), est la seule du Hainaut dont les bâtiments ont échappé aux destructions de la Révolution française. Relativement peu connue du grand public, telle qu'elle se présente aujourd'hui, elle constitue un remarquable monument de l'architecture du XVIIIe siècle.
L'histoire de l'abbaye de Bonne-Espérance commence par une donation: en 1125, le seigneur de Croix-lez-Rouveroy donne une partie de son domaine à une jeune communauté de chanoines qui vient de se former à Prémontré (près de Laon) sous la direction d'un certain Norbert, prêtre d'origine allemande, dont la prédication a opéré plusieurs conversions, notamment celle du fils du seigneur de Croix-lez-Rouveroy. Arrivés en 1126 sous la conduite d'Odon, les premiers religieux occupent plusieurs emplacements avant de se fixer en 1130 sur le site actuel de l'abbaye; ils donnent à la nouvelle fondation le nom de Bonne-Espérance.
Fidèle à la vocation de l'Ordre de Prémontré, l'abbaye reçoit très vite le patro-nage de nombreuses paroisses: Leugnies, Familleureux, Haine-Saint-Paul, Seneffe, Orbais, Thorembais-Saint-Trond, Erquelinnes, Feluy, Anderlues, Morlanwelz, Gentinnes, Courcelles, Sombreffe, Chaumont, Gouy-lez-Piéton, Eysinghen, Vellereille-les-Brayeux, Morialmé, Soumoy, Senzeille, Sainte-Geneviève (près de Chimay). De plus, elle est le centre d'une grande activité spirituelle, sociale et économique par son culte et ses pélérinages, ses maisons de bienfaisance, ses exploitations agricoles et industrielles. Son domaine foncier s'accroît au cours des siècles de différentes donations; au XVIIIe siècle la superficie totale des terres représente environ 4.700 hectares, ce qui est relativement modeste comparativement à d'autres abbayes plus anciennes fondées sous les Carolingiens.
Dès sa fondation, Bonne-Espérance a produit de très beaux manuscrits, dont une Bible conservée à la Bibliothèque royale.
Des tout premiers bâtiments il ne reste aucune trace. Au XIIIe siècle, on érige en style gothique un ensemble abbatial, notamment une très grande église; malgré des transformations malheureuses au XVIIIe siècle, le cloître, la cuisine et la salle capitulaire ont gardé l'aspect de cette époque.
Au XVIIIe siècle, la communauté de Bonne-Espérance entreprend de grands travaux de reconstruction; la plupart des bâtiments de l'abbaye sont de cette époque: la façade, les ailes de la cour d'honneur, le quartier d'accueil, le chauffoir et le réfectoire furent achevés au milieu du XVIIIe siècle, et la nouvelle église en 1789. C'est dans cette Basilique que l'on vénère la statue de Notre-Dame de Bonne-Espérance, oeuvre du XIVe siècle, objet de dévotion des religieux et des fidèles.
La Révolution française chassa les chanoines, provoqua la vente de tous les biens mais ne porta pas atteinte aux bâtiments, sans doute grâce à l'intervention des habitants de la région. Quand la paix fut revenue, les survivants de la communauté rachetèrent les bâtiments, mais dans l'incapacité de reconstituer une abbaye viable, en 1829 ils les léguèrent au Séminaire de Tournai, qui en fit un établissement d'enseignement.
En 1830 on ouvrait les cours d'humanités, en 1834 y furent annexés des cours de philosophie préparatoires au grand séminaire et en 1838 on y implantait une école normale primaire. En 1925 l'école normale fut transférée à Braine-le-Comte et en 1968 la section de philosophie fut également transférée.
Actuellement Bonne-Espérance reste un établissement d'enseignement primaire et secondaire, un centre diocésain d'accueil pour les jeunes, un lieu de pèleri-nage, de visites et d'organisations culturelles, un havre de paix et de détente en famille.